Depuis le 13 mars

Un projet citoyen dédié au suivi de la mise en œuvre des mesures de prévention du harcèlement moral dans la fonction publique, prévues dans la loi de 2019-828 "loi de transformation de la fonction publique".

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Le harcèlement, la loi et les employeurs publics

Ce site est un projet citoyen dédié au suivi de la mise en œuvre des mesures de prévention du harcèlement dans la fonction publique.

Depuis plusieurs années, des lois ont été promulguées pour tenter de lutter contre le harcèlement, notamment le harcèlement au travail, et notamment dans le cadre des emplois publics.

Cependant, on ne peut que constater que malgré ces lois, les employeurs continuent à ne pas prendre aux sérieux leurs obligations légales, et c’est particulièrement insupportable de la part de l’État, qui devrait être exemplaire en la matière.

Qu’est-ce que le harcèlement ?

Le harcèlement moral est une forme de violence psychologique, qui a pour effet de dégrader les conditions de vie ou de travail des personnes qui en sont victimes. Dans certains cas, il peut pousser ses victimes à la dépression ou au suicide. Il peut être l’œuvre d’une seule personne mais également être un fait institutionnel : ce fut le cas par exemple au sein de France Telecom, selon le jugement qui fut rendu le 20 décembre 2019.

Le harcèlement sexuel est une notion distincte mais apparentée, regroupant notamment les pressions en vue d’obtenir un acte sexuel, ou des propos ou comportements non désirés et répétés, à connotation sexuelle. Ses conséquences peuvent être tout aussi graves.

Que dit la loi ?

La loi interdit le harcèlement et prévoit des peines pour les personnes qui s’en rendent coupables. Dans le cadre professionnel, le droit de ne pas subir de harcèlement moral est consacré, s’agissant du harcèlement moral, par l’article L1152-1 du Code du travail pour les emplois de droit privé, et l’article 6 quinquiès de la loi du 13 juillet 1983 pour les emplois de droit public; s’agissant du harcèlement sexuel, par l’article L1153-1 du Code du travail pour les emplois de droit privé, et l’article 6 ter de la loi du 13 juillet 1983 pour les emplois de droit public. La jurisprudence a établi que le droit de ne pas être soumis à un harcèlement constitue une liberté fondamentale.

Ce site s’intéresse en particulier aux emplois de droit public.

Pour compléter les dispositions répressives, la loi a récemment prévu un dispositif de prévention et de signalement. Dans la fonction publique, celui-ci est prévu par l’article 6 quater A de la loi du 13 juillet 1983, qui a été créé par la loi “de transformation de l’action publique” du 6 août 2019. Cet article vise globalement les actes « de violence, de discrimination, de harcèlement moral ou sexuel ou d’agissements sexistes ». Par simplicité, sur ce site nous parlons simplement de « harcèlement ».

Comme cela arrive bien souvent, la loi en elle-même n’a d’effet qu’à travers des décrets d’applications, et ceux-ci peuvent n’être pris que longtemps après les lois correspondantes.

Le décret n° 2020-256 du 13 mars 2020 est le décret d’application qui oblige tous les employeurs publics à mettre en place un dispositif de prévention et de signalement des faits de harcèlement. Cette obligation s’applique depuis le 1er mai 2020. (Et donc, ce site pouvait indifféremment s’appeler « depuis le 13 mars » ou « depuis le 1er mai ». La symbolique du 1er mai étant déjà assez chargée, j’ai choisi la première option… mais la date effective pour le calcul des retards indiqués ci-dessous est bien la seconde.)

Qui n’est pas (encore) en règle et pourquoi ?

Depuis le 1er mai 2022, quelques mauvais élèves affichent désormais plus de deux ans de retard au compteur…

Les Ministères de l’Ecologie, de l’Intérieur et de la Justice constituent désormais une minorité s’obstinant à échapper à la loi, soit encore plusieurs centaines de milliers d’agents publics qui ne sont actuellement pas concernés par un dispositif conforme à la loi… alors même que l’Assemblée Nationale indiquait dans son rapport d’impact sur la loi de 2019:

L’obligation de mise en place d’un dispositif de signalement par les administrations, collectivités et établissements publics permet d’assurer une égalité de traitement de l’ensemble des agents publics et leur permet de faire valoir leurs droits devant le juge administratif pour faute dès lors qu’aucun dispositif n’aurait été mis en place par l’employeur.

En réalité, contrairement à cette volonté affichée du législateur, la jurisprudence qui émerge des décisions prises par les tribunaux administratifs, saisis de cas de carence fautive, tend à dédouaner systématiquement les employeurs publics… on comprend donc pourquoi ces Ministères récalcitrants ne se sentent pas particulièrement menacés et continuent à traîner la patte.

Qui est (plus ou moins) en règle ?

Les dispositifs des différents Ministères et administrations centrales se caractérisent par une constante - celle du retard considérable pris dans leur mise en oeuvre, par rapport au délai légal - et des variations importantes dans le niveau de protection accordé aux personnes concernées.

Certaines collectivités territoriales sont en règle.

Lectures

En pratique

Si votre employeur public est à jour de ses obligations, mais que vous n’avez pas été informé·e; ou si votre employeur public n’est pas en règle; et dans l’un ou l’autre cas, si vous subissez des agissements qui vous semblent relever d’un harcèlement, la responsabilité de l’employeur peut être engagée.

Ce site vise uniquement à vous informer et ne peut se substituer à un conseil juridique compétent ou à l’assistance apportée par les instances syndicales, la médecine du travail ou les organes de prévention de votre employeur public. Nous vous invitons à vous rapprocher en priorité de ces acteurs.

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